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 La vie dans la Polonia
 

   Je suis entré au SPK3 en 1947, à notre arrivée. Je suis arrivé en août, donc nous avons dû fonder le cercle SPK en novembre à Houthalen. J’ai été président pendant deux ans, puis président régional. Je suis le seul qui soit encore là. J’ai encore l’étendard de la SPK. Je suis tout seul, ils sont tous morts. Je suis entré dans le Cercle des Polonais il y a de cela 25 ans, je crois. J’y ai occupé plusieurs fonctions, jusqu’à celle de président régional, et maintenant je suis président honoraire. J’ai quelques médailles, quelques diplômes, etc. Récemment, j’ai encore reçu une médaille de la SPK ; l’Union Mondiale des Anciens Combattants m’en a octroyé une, et celle-ci, c’est celle de la Croix Rouge, médaille d’argent, pour dix ans de travail dans le service médical. Comme chauffeur d’ambulance. Et celle-là, c’est pour la mine, pour les 20 ans de travail. Et celle-ci, c’est la Croix de Chevalier, du Président Kwaśniewski. Vingt personnes l’ont reçue dans toute la Belgique. Et voilà la médaille du Consulat. Deux médailles du pape : pour les quarante et cinquante ans de mariage. Maintenant nous allons fêter nos soixante-quatre ans de mariage.

En 1949, la première ou la deuxième année après notre arrivée, nous nous sommes mariés. En 1965, j’ai pris la nationalité belge, sinon je n’aurais pas pu travailler dans le service médical. Ma femme est belge, je suis polonais, donc il fallait prendre la nationalité belge. Les enfants sont automatiquement devenus belges. On peut dire que j’ai passé la majeure partie de ma vie en Allemagne et en Belgique.

Je ne suis retourné en Pologne pour la première fois qu’en 1964. Avant, j’avais le statut de réfugié politique, je n’avais pas de nationalité ni de passeport, je ne pouvais pas partir. Ce n’est qu’en 1964 qu’un des professeurs d’ici a réussi à ce que l’on me rende ma nationalité. Je suis allé en Pologne pour la première fois avec mon passeport polonais, et je l’ai encore. Ce n’était pas facile, parce que quand je suis allé à Łódź voir mon frère, j’ai dû m’enregistrer comme séjournant là-bas. Quelques jours plus tard, une personne du Service en question m’a emmené à la milice, pour un interrogatoire. Ces salopards ne me laissaient toujours pas tranquille ! Et je ne pouvais rien faire, parce qu’à l’époque je n’avais encore que ce passeport polonais. Ils pouvaient très bien m’arrêter. J’ai soutenu mordicus que lorsqu’ils m’avaient déporté en 1940, j’étais resté là. Si j’avais dit un mot de trop, je n’aurais jamais pu rentrer en Belgique. Ensuite, nous sommes souvent allés en Pologne, presque tous les ans ou tous les deux ans. Et plus tard, nous avons commencé à organiser des actions d’aide humanitaire. Je suis souvent allé en Pologne, j’ai traversé quasiment tout le pays, de long en large, jusqu’en 2005, je crois. Nous organisions des collectes diverses, des collectes d’argent, nous achetions des choses diverses et nous les apportions en Pologne. Je peux donc dire que ma vie a été quelque peu… déchiquetée. Ce n’est pas ma maison, là. J’ai tout simplement quitté le pays trop jeune. Les années qui auraient dû être consacrées à l’école ont été emportées par la guerre. Plus tard, différentes pensées vous viennent, pour diverses raisons.

Dès que je suis arrivé en Belgique, j’ai eu des contacts avec la Polonia. Il y avait beaucoup de Polonais. C’était une nouvelle mine. Nous avons fondé le RMK4 , la Jeunesse Catholique et le SPK. Diverses célébrations étaient organisées, nous avons acheté des étendards qui ont été bénis.

Nous avons organisé des pèlerinages au cimetière polonais de Lommel. De Houthalen, deux autocars, plus de 100 personnes allaient à Lommel. C’était tout simplement notre patrie.

Mais combien de fois suis-je allé à Bruxelles, mon Dieu ! Les membres du SPK devaient suivre des entraînements, il fallait, en tant que soldats, être en forme, au cas où quelque chose surviendrait à nouveau. Le samedi après le travail j’allais à Bruxelles et là, des cours, des entraînements, et le dimanche, la même chose. Le soir, nous rentrions chez nous.  
 
3 SPK : Stowarzyszenie Polskich Kombatantów – Association des Anciens Combattants Polonais.
4 Informations manquantes. Probablement Ruch Młodzieży Katolickiej – Le Mouvement de la Jeunesse Catholique.